02.03.2012

Le code Navajo était le principal code secret utilisé par les Etats-Unis pendant la seconde guerre mondiale. Tous les codes américains créés précédemment avaient été percés et les Japonais étaient imbattables en matière de déchiffrage. Il fallait donc trouver un codage imparable sur lequel ils se casseraient les dents.

Les Américains ont alors eu l'idée géniale d'utiliser un code basé sur la langue des Indiens Navajos, parlée uniquement par eux et dont la syntaxe est très complexe.

Les messages étaient encodés et décodés par une trentaine d'Indiens Navajos, les "Navajo code talkers", répartis à l'état-major et sur les navires de guerre, et assistés par quelques officiers américains qui avaient appris à grand peine la langue Navajo (sans jamais parvenir à la maitriser totalement).

Exemple de code Navajo: Gloe-Ih-Dzeh Gloe-Ih-A-kha-Shi-Da-Nash-Doie-Tso-Be Ah-Jad-Tkin-Jad-Ho-Loni-Ah-Jad A-Woh-Tlo-Chin D-Ah-Cha-Be-La-Sana-Tsah-Jad-Ho-Loni D-ah-Cha-Dzeh Tsah-Be-Lo-Sana-A-Keh-Di-Glini-Be-Lo-Sana-Yil-Doi-A-Kha Moasi-A-Kha-Be-Dzeh Than-Zie-Wol-La-Chee-Dibeh-Yazzie-Jad-Ho-Loni-Ah-Jah-Gah-Dibeh Chuo-A-Kha-Ah-Losz A-Woh-Cha-Dzeh-Tkin-Dah-Nes-Tsa Moasi-Tlo-Chin-Nesh-Chin-Than-Zie-Gah-Tkin-Shush-Shi-Da-D-Ah-Yeh-Hes-Tlo-Chin-A-Chin D-Ah-A-Kha Gloe-Ih-Tlo-Chin-Gah-Ah-Jad-Be Gloe-Ih-Tse-Nill-Ah-Losz A-Woh-Gloe-Ih-Tlo-Chin

Il s'agit en fait d'un double système d'encodage.

Le mot anglais est d'abord transformé en une expression approchante et un peu sibylline dont un équivalent existe en langue Navajo.

Par exemple, "navire de guerre" devient "baleine", qui devient "LO-TSO".
Un croiseur est une "petite baleine" = LO-TSO-YAZZIE.

Pour les dates, "janvier" devient "petit aigle" = "ATSAH-BE-YAZ"
"Juin" devient "grande plantation" = "BE-NE-EH-EH-JAH-TSO"

Les mots qui ont un équivalent direct en Navajo était traduits directement en Navajo.

Pour les mots qui ne figurant pas dans le "dictionnaire" établi par l'armée, chaque lettre du mot était remplacée par la traduction en Navajo de l'un des 3 ou 4 mots anglais associés à cette lettre. Par exemple, la lettre A pouvait être désignée par les mots anglais "apple", "ant" ou "axe", dont les traductions respectives en Navajo sont "WOL-LA-CHEE", "BE-LA-SANA" et "TSE-NILL".

Ce code n'a jamais pu être cassé. Il a finalement été révélé en 1968 lorsque les Etats-Unis ont pensé qu'il ne servirait plus, du fait de l'arrivée de l'informatique et du cryptage électronique.


Les "Navajo code talkers" lors d'une commémoration en 1971, avec l'uniforme qu'ils portaient pendant la guerre
 
Dictionnaire complet du code Navajo

Pour en savoir plus sur le code Navajo (en anglais)

Coder vos messages en Navajo et leurrer Big Brother, Echelon ou Facebook (code Navajo simplifié)
12.03.2012
C'est avec une immense tristesse que ceux qui connaissaient Moebius / Jean Giraud ont appris sa mort hier, des suites d'une "longue maladie" comme on dit.

C'était l'un des meilleurs dessinateurs de BD, sinon le meilleur, capable d'adopter plusieurs styles de dessin adaptés aux différents styles d'histoires, ultra-réaliste pour "Blueberry", mystique et futuriste pour la SF avec notamment "L'incal", limpide et poétique pour le cycle d'Edena.

C'était aussi un humain extraordinaire, avec une grande simplicité et une profonde spiritualité.


En hommage, voici quelques images de la saga de "L'incal", une BD complètement initiatique avec un scénario de Jodorowsky.




L'Incal est une BD en 5 parties:
- L'Incal Noir
- L'incal Lumière
- Ce qui est en bas
- Ce qui est en haut
- La cinquième essence (en 2 volumes)




L'histoire se passe dans un futur proche. Le héros est un individu lambda dans l'une des immenses "cités-puits". Jusqu'au jour où, par "hasard", il va se retrouver embarqué dans une affaire dont les ramifications s'étendent à la planète dans son ensemble, puis à l'univers entier.

Dans la société décrite par l'Incal, la planète est dirigée par 2 castes: les "technos" et "l'économat".

Les technos portent toujours des lunettes noires, et leurs chefs ont la tête surmontée par un "oeuf d'ombre" d'autant plus gros qu'ils concentrent le pouvoir de la force qu'ils servent: la Ténèbre.

L'instrument des "technos" pour faire triompher la ténèbre est la technologie.





L'autre caste est l'Economat, c'est à dire le pouvoir économique.

Pendant que la population ordinaire survit comme elle peut dans les bas niveaux des cités-puits, les plus riches sont dans les niveaux supérieurs, les plus proches de la lumière. Quant à l'élite, elle vit à l'extérieur, dans une citadelle en lévitation aérienne au-dessus de la cité-puit. Les membres de l'élite se distinguent de la populace ordinaire par une auréole artificielle au-dessus de leur tête.




Dans la ville comme dans les miniscules appartements dans lesquels vivent les gens ordinaires, la vie est rythmée par la TV, ses émissions débiles (un jeu TV s'appelle "pipi caca popo"), et son info-spectable présentée de façon infantilisante.

En apparence, le pouvoir est exercé par un "prez" (président) qui est réincarné artificiellement dans un nouveau corps flambant neuf lorsque son précédent corps a été trop usé par ses pensées et émotions négatives. Ainsi, le président change, il prend un nouveau visage, mais le changement n'est qu'une apparence car c'est toujours la même âme qui est en lui.

Le transfert dans un nouveau corps est retransmis en direct par la TV, dans une émission politique à grand spectacle...
















Le passage clé dans l'Incal noir, lorsque le héros, John Difool, découvre ce qu'est l'Incal, cette petite pyramide de cristal qu'un mutant lui avait confié avant d'être tué par ses poursuivants...

C'est le moment où John Difool va être transformé par l'Incal, le moment de son "illumination"...









Quelques autres dessins extraits d'autres BD...


















Un article sur Moebius et son oeuvre:
http://www.lemonde.fr/culture/article/2012/03/10/mort-du-dessinateur-jean-giraud-alias-moebius_1656000_3246.html