07.04.2007
Dans son livre "Un mouton dans la baignoire" à paraître le 13 avril, l'ancien ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances Azouz Begag revient sur son conflit avec Nicolas Sarkozy lorsque celui-ci avait employé le mot "racailles", un conflit qui s'était amplifié lors de l'insurrection des banlieues en novembre 2005. Extraits :
"En pleine tempête, on m'a organisé un rendez-vous en tête à tête place Beauvau avec Sarko. Il me reçoit dans son bureau, avec des sourires enrobés de mots doux et m'invite à m'asseoir près de la cheminée, au coin du feu. (...) Il me fixe droit dans les yeux: "Pourquoi tu m'attaques, Azouz ? Moi, je ne t'ai pas attaqué, jamais. Je n'ai même pas réagi à tes propos, tu as vu ?" (...) Il ment. Il prétend qu'il n'a pas répondu à mes attaques, mais en fait les attaques orchestrées par ses proches se multiplient dans la presse. Ils font de moi l'Arabe ministre qui défend ses frères arabes des banlieues au lieu de défendre les citoyens contre la "racaille" qui infecte la vie des bons Français. (...) Au passage, je lui glisse que mon grand-père est mort en 1918 dans le 23e régiment de tirailleurs algériens dans la Somme. Qui est le plus français de nous deux? "C'est toi", il reconnaît. Il dit qu'il est hongrois. Puis il me montre son désir de résoudre au plus vite notre mésentente : "Alors, qu'est-ce qu'on fait?" (...) Sans vergogne, il me propose le prochain mercredi, jour du conseil, de venir le rejoindre place Beauvau et d'aller ensemble, à pied, à l'Elysée sous l'oeil des caméras. Je suis stupéfait. L'homme me prend pour un bouffon ! (...) Il propose alors que nous allions ensemble dans un quartier de banlieue. Je dis: "Oui, mais sans caméra". Je souligne que ce sont les médias qui enveniment les situations, qu'il ne faut donc pas se rendre avec eux dans les quartiers. Il dit que "cela ne sert à rien de sortir sans le faire savoir".
Un jour, M. Begag interpellé sur le projet de loi sur l'immigration, croit faire un bon mot en rétorquant: "Je ne m'appelle pas Azouz Sarkozy." Fureur du ministre de l'intérieur qui appelle M. Begag, alors dans le train: "Tu es un connard ! Un déloyal, un salaud ! Je vais te casser la gueule ! Tu te fous de mon nom... Tu te fous de mon physique aussi, je vais te casser ta gueule, salaud ! Connard !" Je suis cloué à mon téléphone. (...) Le ministre de l'intérieur m'a conseillé dans une ultime menace de ne jamais plus lui serrer la main, sinon il allait "m'en cuire", "sale connard" que je suis. Je ne sais combien de fois il a projeté ces mots contre mes tympans. Je ne pardonnerai pas."
(source: Le Monde)
"En pleine tempête, on m'a organisé un rendez-vous en tête à tête place Beauvau avec Sarko. Il me reçoit dans son bureau, avec des sourires enrobés de mots doux et m'invite à m'asseoir près de la cheminée, au coin du feu. (...) Il me fixe droit dans les yeux: "Pourquoi tu m'attaques, Azouz ? Moi, je ne t'ai pas attaqué, jamais. Je n'ai même pas réagi à tes propos, tu as vu ?" (...) Il ment. Il prétend qu'il n'a pas répondu à mes attaques, mais en fait les attaques orchestrées par ses proches se multiplient dans la presse. Ils font de moi l'Arabe ministre qui défend ses frères arabes des banlieues au lieu de défendre les citoyens contre la "racaille" qui infecte la vie des bons Français. (...) Au passage, je lui glisse que mon grand-père est mort en 1918 dans le 23e régiment de tirailleurs algériens dans la Somme. Qui est le plus français de nous deux? "C'est toi", il reconnaît. Il dit qu'il est hongrois. Puis il me montre son désir de résoudre au plus vite notre mésentente : "Alors, qu'est-ce qu'on fait?" (...) Sans vergogne, il me propose le prochain mercredi, jour du conseil, de venir le rejoindre place Beauvau et d'aller ensemble, à pied, à l'Elysée sous l'oeil des caméras. Je suis stupéfait. L'homme me prend pour un bouffon ! (...) Il propose alors que nous allions ensemble dans un quartier de banlieue. Je dis: "Oui, mais sans caméra". Je souligne que ce sont les médias qui enveniment les situations, qu'il ne faut donc pas se rendre avec eux dans les quartiers. Il dit que "cela ne sert à rien de sortir sans le faire savoir".
Un jour, M. Begag interpellé sur le projet de loi sur l'immigration, croit faire un bon mot en rétorquant: "Je ne m'appelle pas Azouz Sarkozy." Fureur du ministre de l'intérieur qui appelle M. Begag, alors dans le train: "Tu es un connard ! Un déloyal, un salaud ! Je vais te casser la gueule ! Tu te fous de mon nom... Tu te fous de mon physique aussi, je vais te casser ta gueule, salaud ! Connard !" Je suis cloué à mon téléphone. (...) Le ministre de l'intérieur m'a conseillé dans une ultime menace de ne jamais plus lui serrer la main, sinon il allait "m'en cuire", "sale connard" que je suis. Je ne sais combien de fois il a projeté ces mots contre mes tympans. Je ne pardonnerai pas."
(source: Le Monde)