26.01.2015
Dans les années 60, sans qu'elle l'ait vu venir, l'oligarchie s'est trouvée confrontée à un grand mouvement de contestation globale, en fait une révolution. Soudain, la jeunesse remettait en cause les valeurs de la société et refusait en bloc le travail, l'argent, et la société de consommation, s'attaquant ainsi aux principaux piliers du capitalisme.

Aux Etats-Unis, pour neutraliser et détruire ce mouvement, le FBI de John Edgar Hoover a développé un programme secret: COINTELPRO (Counter Intelligence Program), une vaste opération de désinformation et un sabotage en règle des mouvements politiques radicaux.

Outre les moyens classiques comme les pressions ou l'envoi de lettres anonymes menaçantes, il s'agissait de répandre de fausses informations, de fausses rumeurs, d'infiltrer les organisations subversives afin de les désintégrer de l'intérieur en semant la zizanie parmi les membres, ou encore d'organiser des diversions pour égarer les militants et les empêcher de faire des choses utiles. Il y eut aussi la création d'organisations bidon pour répandre des idées destinées à polluer la réflexion collective. Les agents infiltrés avaient pour rôle d'être le plus extrémistes possibles, afin d'être insoupçonnables de collusion avec le pouvoir et surtout afin de pousser les mouvements à se radicaliser et à devenir leur propre caricature, ce qui permettait de les décrédibiliser aux yeux du plus grand nombre et de faire fuir les militants et sympathisants plus modérés.

Ces méthodes ont été très efficaces dans les années 70.
Aujourd'hui, COINTELPRO n'existe plus officiellement, mais les mêmes méthodes ont été utilisées pour contrer un nouveau mouvement apparu à la fin des années 90, l'opposition à la mondialisation et au néo-libéralisme, qui s'accompagnait là encore d'une contestation globale du capitalisme et de la société de consommation.

Mais la différence par rapport aux années 70, c'est que désormais l'essentiel des activités subversives a lieu sur Internet, où les mouvements contestataires sont beaucoup plus faciles à infiltrer et à saboter. Il est on ne peut plus facile de créer des sites bidons, qui auront plus de moyens financiers que les sites militants indépendants, qu'ils peuvent rapidement dépasser en audience et en influence. Ils vont au départ reprendre de vraies infos et des idées partagées par les membres de leur cible et qui vont servir d'appât, pour ensuite répandre de fausses infos et de multiples diversions, reprises en toute bonne foi par de nombreux sites et blogs indépendants.

Une fois encore, le mouvement de contestation initial a été poussé à se radicaliser, à se décrédibiliser, à devenir sa propre caricature, jusqu'à faire fuir les militants de la première heure, et finalement à éclater en factions qui n'ont plus rien de commun.

C'est exactement ce rôle qu'ont joué des sites comme ceux d'Alex Jones, ou en France, d'Alain Soral. Sont-ils des "agents" en service commandé ? On peut sérieusement se poser la question quand on regarde les effets qu'ils ont produit. Grâce à eux, le mouvement d'opposition au "nouvel ordre mondial" est désormais dominé par la peur ou la haine et par les intox en tous genres, son regard détourné loin des véritables enjeux et surtout des véritables responsables du nouvel esclavage et de la guerre sociale en cours.