11.06.2010


La crise actuelle est partie des "subprimes" mais il s'agit en fait d'une crise systémique qui aurait eu lieu de toute façon car elle est l'aboutissement de 30 ans de déséquilibres profonds créés par le libéralisme, ou plus exactement l'ultralibéralisme, cette idéologie fabriquée sur mesure par les élites économiques pour servir leurs intérêts et satisfaire leur avidité sans limite.

Le libéralisme avait déjà été appliqué dans les années 20, avec notamment une dérèglementation du secteur bancaire. Il en a résulté la crise de 1929 et la grande dépression qui a suivi et dont le monde n'est sorti que "grâce" à la guerre.

Suite au désastre qu'il avait engendré, le libéralisme avait été mis au placard, remplacé par le keynésianisme, c'est à dire une intervention régulatrice et stimulatrice des états dans l'économie.

Mais dès la fin de la seconde guerre mondiale, un groupe de personnes inspirées et réunies par Friedrich von Hayek (le pape de l'ultra-libéralisme, en photo ci-contre) ont fondé la "Société du Mont-Pèlerin", un club de réflexion dont le but était de convertir à nouveau les états au libéralisme.

36 personnalités étaient présentes lors de la première conférence le 10 avril 1947, dont Hayek bien sûr, Milton Friedman (prix Nobel d'économie et l'un des principaux théoriciens du libéralisme), Karl Popper, Maurice Allais, et Bertrand de Jouvenel (politicologue et économiste libéral, controversé pour son passé pendant l'occupation et son interview complaisante d'Adolf Hitler en 1936, il est aussi le fondateur du think tank de prospective "Futuribles").

Pour promouvoir l'idéologie libérale et la diffuser dans les cercles dirigeants, les membres de la Société du Mont Pélerin ont fondé une centaine d'autres think tanks et réseaux d'influence, comme la Heritage Foundation, le Cato Institute ou le Manhattan Institute.

Leur stratégie a atteint son but dans les années 80 avec l'arrivée au pouvoir de personnalités politiques entièrement acquises au libéralisme, en particulier Margaret Thatcher et Ronald Reagan.

Dès lors, les états ont progressivement abdiqué de leur pouvoir au bénéfice des multinationales et des banques. Ils ont privatisé et déréglementé massivement l'économie, en faisant disparaitre la quasi totalité des contraintes et des contrôles, laissant se développer les paradis fiscaux afin de faciliter l'évasion fiscale, et permettant aux grandes entreprises et aux plus fortunés d'échapper presque totalement à l'impôt. Les états se sont également désengagés de l'économie, abandonnant toute politique industrielle, cessant de préparer le long-terme, et privatisant tout ce qui pouvait devenir une source de profit pour le secteur privé, détruisant ou abandonnant les services publics.

Parmi les mesures inspirées par le libéralisme, il y eut en particulier la dérégulation du système bancaire aux Etats-Unis où l'administration Clinton avait supprimé le garde-fou mis en place par Roosevelt suite à la crise de 1929 pour interdire aux banques de dépot d'être en même temps des "banques d'investissement", c'est à dire de spéculer en bourse avec l'argent des déposants.

Mais la mesure clé a été la suppression des barrières douanières et du contrôle des changes. C'est ce qui a rendu possible la "mondialisation", c'est à dire la libre circulation des marchandises et des capitaux, permettant aux entreprises de "délocaliser" pour exploiter la main d'oeuvre à bas coût dans les pays du tiers-monde, et augmenter ainsi la concurrence sur un marché du travail désormais mondialisé lui aussi.

Cela a été possible grâce à la complicité des dirigeants de droite et de gauche, du fait de leur liens avec les multinationales et les banques, directement ou à travers les think tanks ou "clubs de réflexion" où se retrouvent l'élite des pouvoirs financiers, économiques, politiques et médiatiques.

Les délocalisations massives qui s'en sont suivi ont provoqué la désindustrialisation des pays occidentaux et un appauvrissement sans précédent de la population ordinaire, au point de faire disparaître les classes moyennes par le chomage, la précarité généralisée et la baisse des salaires réels. Dans le même temps, les délocalisations favorisaient l'essor spectaculaire de la Chine et quelques autres "pays émergents" où se concentraient les délocalisations, bouleversant au passage les équilibres géopolitiques.

Mais pendant qu'une majorité de la population s'est appauvrissait, la minorité bénéficiaire de la mondialisation s'enrichissait, dont une extrême minorité de façon astronomique, ce qui permettait à des statistiques en trompe-l'oeil d'afficher une hausse moyenne des revenus de 2% par an.

L'effondrement du pouvoir d'achat des classes moyennes est la véritable cause de la dépression économique actuelle dont la "crise des subprimes" n'a été que le déclencheur.


Une hyper inflation masquée

L'effondrement du pouvoir d'achat est lui-même le résultat de l'hyper inflation, elle aussi masquée dans des statistiques officielles dont les produits de référence ne sont pas du tout représentatifs des dépenses ordinaires d'un ménage. Cette hyper inflation résulte de la baisse de la valeur intrinsèque de la monnaie, du fait de la monnaie créée en excès par les banques et les marchés financiers. En transformant les variations boursières en profit, les "investisseurs" créent de la monnaie sans contrepartie en biens nouveaux dans l'économie réelle. C'est ce qui crée l'inflation, car chaque dollar ou chaque euro correspond à une fraction plus petite des biens disponibles. C'est ainsi que se sont envolés les prix du logement, de l'alimentation et de l'énergie (les 3 biens réels les plus essentiels), une hausse amplifiée par la spéculation immobilière et la spéculation boursière sur les matières premières industrielles et agricoles.

Cette spéculation qui a attisé l'inflation est elle-même le résultat de l'excès d'enrichissement des plus riches. Car ceux qui ont déjà tout placent leurs masses de capitaux en excès sur les marchés financiers et dans l'immobilier, créant des "oscillations destructrices" et des bulles spéculatives qui explosent en faisant à chaque fois des dégâts dans l'économie réelle.


Les causes de la crise financière

Conformément aux commandements de l'idéologie libérale, les états avaient laissé se développer sans aucun contrôle le marché des "produits dérivés", ces titres financiers complexes qui permettent de démultiplier les variations boursières, à la hausse comme à la baisse, grâce à des "effets de levier" cumulés pouvant atteindre 100 (en clair, permettant de jouer 100 millions en bourse avec un capital de seulement 1 million). En seulement 15 ans après leur création au début des anées 1990, les produits dérivés ont pu se développer sans aucun controle, jusqu'à atteindre le montant astronomique de 683.000 milliards de dollars en 2008. A elles toutes seules, les banques Citigroup et Bank of America détiennent chacune 17.500 milliards en produits dérivés, dont une part importante a perdu toute valeur mais reste inscrite dans les bilans à la valeur d'achat, dissimulant ainsi des pertes abyssales.

Ce sont les effets de levier des produits dérivés qui expliquent comment les banques ont pu perdre des dizaines de milliards au point de se retrouver en faillite.

Parmi ces produits dérivés, il y avait les fameux "subprimes", des emprunts immobiliers titrisés qui transféraient des banques vers les acheteurs de titres le risque de non remboursement. De plus, la collusion entre les banques et les agences de notation chargées d'évaluer les risques a conduit à leur sous-estimation délibérée.


La phase finale de la crise financière

Les banques et les assurances ont joué au casino boursier des sommes colossales qu'elles ne possédaient pas, et elles ont perdu.

Dans un premier temps, les pertes ont été transférés aux états, selon le principe du libéralisme qui consiste à privatiser les bénéfices et nationaliser les pertes.

Les états ne disposant pas réellement de l'argent qu'ils avaient prêté aux banques, ils l'ont emprunté... aux banques, celles-ci ayant le pouvoir de créer de la monnaie par le simple fait de prêter de l'argent (voir le film "L'argent-dette" de Paul Grignon).

Le renflouement des banques ainsi que la baisse des recettes fiscales (du fait de la crise) ont fait exploser la dette publique des pays occidentaux, alors qu'elle avait été préalablement creusée par la désindustrialisation, la baisse des revenus (causée par la stagnation des salaires, le chômage et la précarité), l'effondrement de la consommation, l'évasion fiscale et les allègements d'impôts pour les riches et les grandes entreprises.

La plupart des pays occidentaux sont maintenant au bord de la faillite, avec des niveaux d'endettement de près de 100% du PIB, voire davantage.

Le transfert des pertes des banques sur des états déjà affaiblis n'était pas tenable très longtemps. C'est pourquoi nous en arrivons aujourd'hui à la phase finale du grand hold-up: le transfert des pertes bancaires vers les citoyens de base.

Les uns après les autres, les gouvernements de droite et de gauche sont en train d'adopter des plans "d'austérité" qui vont diminuer les revenus et les prestations sociales (retraites, allocations chômage, systèmes d'assurance maladie) tout en augmentant les impots et les taxes. On peut aussi prévoir que la crise servira de prétexte à finir de privatiser ce qui peut encore l'être, principalement dans les secteurs encore publics et semi-publics (énergie, poste, santé, éducation, justice, police, forces armées...).

Le libéralisme a sappé la démocratie, ruiné les classes moyennes, abandonné les citoyens au bon vouloir des multinationales, et transformé les ex pays riches en "pays en voie de sous-développement". Au final, le libéralisme aura entièrement détruit nos sociétés par l'anéantissement des états-nations et l'explosion des inégalités, nous faisant revenir aux conditions sociales du Moyen-Age avec une minorité de très riches et la misère pour le plus grand nombre.



En complément à cet article...

Maurice Allais était un membre fondateur de la Société du Mont Pélerin. Agé de 99 ans, il prend aujourd'hui position contre l'ultra-libéralisme. Dans "Réalités industrielles", une revue publiée par le ministère des finances, le seul français à avoir reçu le prix Nobel d'économie écrit: "Le libéralisme ne saurait être un laisser faire". Il dénonce les responsabilités du système né de "la conséquence de la libéralisation inconsidérée du commerce international". "Nous avons été conduits à l'abîme par des affirmations économiques constamment répétées, mais non prouvées. Par un matraquage incessant, nous étions mis face à des vérités établies, des tabous indiscutés, des préjugés admis sans discussion. Cette doctrine affirmait comme une vérité scientifique un lien entre l'absence de régulation et une allocation optimale des ressources. Au lieu de vérité il y a eu, au contraire, dans tout ceci, une profonde ignorance et une idéologie simplificatrice. (...)

L'enjeu capital actuel est le risque d'une destruction de l'agriculture et de l'industrie françaises. Ce danger est réel et j'emploie le mot destruction car il est représentatif de la réalité. Un tel risque provient du mouvement incessant des délocalisations, elles-même dues aux différences de salaires entre, d'une part, des pays développés tels que ceux de l'Amérique du Nord ou d'Europe de l'Ouest, et, d'autre part, ceux d'Asie ou d'Europe orientale, par exemple la Roumanie ou la Pologne. Un écart de salaire élevé, aussi extrême qu'un rapport de un à six par exemple, n'est pas supportable sur le long terme par les entreprises des pays où le revenu est plus élevé. (...) Cela ne veut pas dire que j'oppose entre elles ces différentes régions, qui me semblent toutes des victimes actuelles ou à venir du libre-échangisme voulu par l'OMC, le FMI et par Bruxelles en ce qui concerne l'Europe."

Voir l'article "Maurice Allais flingue le néo-libéralisme dans une revue financée par Bercy"


A lire sur Agora Vox, "Les mauvaises raisons de la supériorité chinoise"

Extrait: "Sur la question du déficit commercial, rappelons cette simple donnée: alors que le déficit commercial de l'UE avec la Chine était déjà de 33 milliards d'euros en 1999, il atteignait 7 ans plus tard 131 milliard? 400 % de hausse ! On trouvait alors le chiffre énorme, impensable, inacceptable... Oui, mais voilà: en 2008, il bondissait à 170 milliards ! Et on sait déjà que le chiffre pour 2010 sera encore pire. (...) La situation est donc claire: dans un marché totalement dérégulé, tel qu'il existe aujourd'hui, il est presque impossible de fabriquer sur le sol européen des produits manufacturés de grande consommation. Seuls les Allemands y parviennent encore, dans certaines conditions et dans certains secteurs. La concurrence des produits chinois est irrésistible. Ce qui est vrai pour l'Europe l'est aussi pour les Etats-Unis, qui offrent sans doute le cas le plus caricatural de cette évolution délétère. La concurrence chinoise nous tue. Toutefois Alain Minc sera content: nous mourrons guéris."

A voir, "Le capitalisme depuis 1975" est un documentaire de Jean Druon (réalisateur de "Alerte à Babylone") sur la totale victoire idéologique du libéralisme et la façon dont il a pris le pouvoir dans le monde, avec notamment une interviews de Milton Friedman réalisée au Mont Pélerin près de Genève, lors d'une réunion de la société du même nom...
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A voir également, "Le malheur est dans le prêt", documentaire à propos d'un système financier devenu fou...
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Pour finir en musique cette série d'articles sur le nouvel ordre économique et en prélude à une session d'été plus légère, le clip d'Alain Souchon, "Parachute doré"...


 
05.06.2010


La réunion 2010 du Groupe de Bilderberg a eu lieu du 3 au 6 juin à Sitges en Espagne, une petite station balnéaire à 30 km au sud de Barcelone, dans un palace 5 étoiles jouxtant un golf, isolé de la zone touristique, l'hôtel Dolce Sitges. Comme d'habitude, l'hôtel a été intégralement réservé par les Bilderbergers et vidé de ses autres clients avant la réunion, protégée par 2000 policiers, militaires et agents des services secrets.



Policiers aux abords du Dolce Sitges

En 2009, la réunion avait lieu en Grèce, un pays qui a plongé financièrement dans les mois qui ont suivi. La réunion du Bilderberg sera-t-elle aussi un "baiser de la mort" pour l'Espagne, après la récente dégradation de la note de sa dette?... La précédente réunion du Bilderberg en Espagne avait eu lieu en 1989, sur l'île de la Toja, une presqu'île proche de St Jacques de Compostelle.

Le Groupe de Bilderberg réunit l'élite mondiale de la finance, de l'économie, de la politique et des médias. Gouvernement mondial occulte, le Groupe de Bilderberg a conçu toutes les grandes étapes de la construction de l'Union Européenne, d'où la présence à chaque réunion de plusieurs commissaires européens ou du président de la Commission.

Malgré l'importance de premier plan des personnalités qui participent au Groupe de Bilderberg, les médias ne parlent jamais de ses réunions dont le contenu est gardé secret.

On note cette année la présence de 5 participants turcs (contre seulement 4 Français), signe que la Turquie, pays émergent puissant, est devenue plus importante que la France dans les affaires mondiales, et que son entrée dans l'Union Européenne est très proche.

Autre fait marquant, l'absence de David Rockefeller, co-fondateur du Bilderberg. Agé de 94 ans, mais toujours en pleine forme jusqu'à présent, voyageant sans cesse à travers le monde, il a peut-être eu un petit malaise malgré la pillule de "super longévité" réservée à l'élite de l'élite, ou bien a-t-il décidé de commencer à passer la main...

Enfin, le secret autour du Groupe de Bilderberg et ses "meetings" commence à se fissurer sérieusement. Pour ne pas perdre leur crédibilité, les médias "mainstream" ne peuvent plus taire des sujets dont la moitié de leurs lecteurs ont entendu parler sur le net. Cette année, les sites du Figaro, de Marianne et de Rue89 ont parlé de la réunion, et l'AFP a publié une dépêche. Les sites des grands journaux britanniques (le Times, le Gardian et le Telepraph), des quotidiens espagnols comme Publico (qui critique le coût de 600.000 euros du meeting) et l'édition espagnole de 20 minutes ont couvert l'événement. Les télés espagnoles ont même réalisé des "directs" sur place. Pire encore pour les Bilderbergers, leurs réunions commencent a attirer des manifestants opposés au "nouvel ordre mondial". Ce n'est plus seulement Alex Jones et son mégaphone mais des quelques centaines de personnes qui étaient présentes à Sitges.

Le secret n'en étant désormais plus un, le Groupe de Bilderberg a ouvert un site officiel alors qu'ils étaient la seule organisation de ce type à ne pas en avoir (la Trilatérale, le CFR ou le World Economic Forum de Davos ont depuis longtemps un site officiel).

Voici la liste officielle des participants:

- Etienne Davignon, vice président de Suez-Tractebel, ex président de la Société Générale de Belgique, ex vice-président de la Commission Européenne, président du Groupe de Bilderberg
- Joseph Ackermann, président de la Deutsche Bank
- Marcus Agius, président de Barclays Bank, membre du conseil d'administration de la BBC (marié avec la fille d'Edmund Leopold de Rothschild)
- César Alierta, président du groupe de communication italien Telefónica
- Joaquín Almunia, vice-président de la Commission européenne, commissaire européen à la concurrence (précédemment commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires), ex ministre socialiste du travail en Espagne dans le gouvernement de Felipe González
- Roger Altman, président et fondateur d'Evercore Partners, l'un des fonds d'investissement les plus actifs dans le monde
- Sonia Arrison, auteur et analyste politique
- Urban Bäckström, directeur général de la Confederation des entreprises suédoises
- Francisco Pinto Balsemão, président du groupe de presse portugais IMPRESA, ancien premier ministre
- Béatrix, reine des Pays-Bas
- Franco Bernabè, président de Telecom Italia
- Carl Bildt, ministre suédois des affaires étrangères
- Antti Blåfield senior, éditorialiste du journal finlandais Helsingin Sanomat
- Ana Botín, présidente exécutive de Banesto
- Svein Brandtzæg, président de la société norvégienne d'électricité Hydro ASA
- Oscar Bronner, rédacteur en chef du quotidien autrichien Der Standard
- Ru?en Çakir, journaliste turc
- Gordon Campbell, premier ministre de la Colombie Britannique
- Jaime Carvajal Urquijo, directeur de Advent International
- Henri de Castries, président d'AXA
- Juan Luis Cebrián, président et co-fondateur du quotidien espagnol El Pais, membre du conseil d'administration du journal Le Monde
- Gustavo A. Cisneros, président de Cisneros Group of Companies
- W. Edmund Clark, président de TD Bank Financial Group
- Timothy C. Collins, président de Ripplewood Holdings
- Fulvio Conti, président du conglomérat italien Enel
- George A. David, président de Coca-Cola
- Anders Eldrup, président de DONG Energy
- John Elkann, président de Fiat
- Thomas Enders, président d'Airbus
- José M. Entrecanales, président d'Acciona
- Ulrik Federspiel, vice-président de Global Affairs, Haldor Topsøe
- Martin S. Feldstein, professeur d'économie à l'université de Harvard
- Niall Laurence A. Tisch Ferguson, professeur d'histoire à l'université de Harvard
- Heinz Fischer, président de Federal
- Paul Gallagher, Attorney General aux Etats-Unis
- Bill Gates, fondateur et administrateur de Microsoft
- Philip H. Gordon, sous secrétaire d'état américain pour les affaires européennes et asiatiques
- Donald E. Graham, président groupe de presse Washington Post Company
- Karel de Gucht, Commissaire européen
- Damla Z. Gürel, conseiller spécial pour les affaires européennes auprès du président turc
- Victor Halberstadt, professeur d'économie à l'université de Leiden (Allemagne), conseiller international de Goldman Sachs, président de l'International Institute of Public Finance, ancien secrétaire général honoraire du Groupe de Bilderberg
- Richard C. Holbrooke, envoyé spécial de Barack Obama en Afghanistan et au Pakistan
- Jan H.M. Hommen, président de la banque ING Group
- Robert D. Hormats, sous secrétaire d'état américain pour l'économie, l'énergie et l'agriculture
- Jan Huyghebaert, président du directoire de KBC Group
- James A. Johnson, vice-président de Perseus
- Jyrki Katainen, ministre des finances de Finlande
- John M. Keane, Senior Partner, SCP Partners
- John Kerr, membre de la Chambre des Lords, administrateur de Royal Dutch Shell
- Henry A. Kissinger, président de Kissinger Associates, ex ministre des affaires étrangères et conseiller à la sécurité nationale de Richard Nixon
- Klaus Kleinfeld, président de Alcoa (n°1 mondial de l'aluminium)
- Mustafa V. Koç, président du groupê turc Koç Holding
- Henry R. Kravis, Founding Partner, Kohlberg Kravis Roberts & Co.
- Marie-Josée Kravis, membre du think tank américain Hudson Institute
- Neelie Kroes, Commissaire européenne
- Eric S. Lander, président et directeur du Broad Institute of Harvard and MIT
- Anne Lauvergeon, présidente du groupe nucléaire français AREVA
- Bernardino León Gross, directeur de cabinet du premier ministre espagnol Zapaterro
- Peter Löscher, président du directoire de Siemens
- Birger Magnus, président de Storebrand
- Peter Mansbridge, journaliste au Canadian Broadcasting Corporation
- Jessica T. Mathews, président du think tank américain Carnegie Endowment for International Peace
- Frank McKenna, administrateur de TD Bank Financial Group
- John Micklethwait, rédacteur en chef de The Economist
- Thierry de Montbrial, président du think tank français IFRI
- Mario Monti, ex commissaire européen, président de l'Universita Commerciale Luigi Bocconi
- Dambisa F. Moyo, économiste et auteur de livres
- Craig J. Mundie, Directeur de la recherche et de la stratégie chez Microsoft
- Egil Myklebust, ancien président du directoire de SAS Norsk Hydro
- Moisés Naím, rédacteur en chef de Foreign Policy
- Juan María Nin Génova, président de la banque espagnole La Caixa
- Paul Nyrup Rasmussen, ex premier ministre social-démocrate du Danemark
- John Oldham, National Clinical Lead for Quality and Productivity
- Jorma Ollila, président de Royal Dutch Shell
- Peter R. Orszag, ministère américain du budget
- Tuncay Özilhan, président du groupe turc Anadolu Group
- Tommaso Padoa-Schioppa, ex ministre italien des finances, président de Notre Europe
- George Papaconstantinou, ministre grec des finances
- Sean Parker, Managing Partner, Founders Fund
- Frank H. Pearl, président de Perseus
- Richard N. Perle, membre du think tank américain American Enterprise Institute for Public Policy Research
- Ignacio Polanco, président du groupe de médias espagnol Grupo PRISA
- J. Robert S. Prichard, président de Metrolinx
- Bernard Dean Ramanantsoa, président de l'école de commerce française HEC
- Paulo Rangel, député au Parlement européen
- Heather M. Reisman, président de Indigo Books & Music Inc.
- Lars Renström, président de Alfa Laval
- Alexander H.G. Rinnooy Kan, président du Social and Economic Council of the Netherlands
- Gianfelice Rocca, président de Techint
- Inciarte Matías Rodriguez, vice-président exécutif de la banque espagnole Grupo Santander
- Charlie Rose, producteur à Rose Communications
- Robert E. Rubin, vice-président du Council on Foreign Relations, ex secrétaire américain au Trésor (ministre des finances)
- Suzan Sabanci Dinçer, président de la banque turque Akbank
- Paolo Scaroni, président de la compagnie pétrolière italienne ENI
- Eric Schmidt, président de Google
- Rudolf Scholten, membre du directoire exécutif de la banque autrichienne Oesterreichische Kontrollbank
- Olaf Scholz, vice-président du SPD (parti social-démocrate allemand)
- Josette Sheeran, directrice exécutive du programme alimentaire mondial des Nations Unies
- Javier Solana, Haut Représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) de l'Union Européenne, ex secrétaire général du Conseil Européen, ex secrétaire général de l'OTAN
- Sofia, reine d'Espagne
- James B. Steinberg, directeur de cabinet de la Secrétaire d'Etat américaine Hilary Clinton
- Björn Stigson, président du World Business Council for Sustainable Development
- Lawrence H. Summers, directeur du National Economic Council, ex président de l'université d'Harvard
- Peter D. Sutherland, administrateur de Goldman Sachs, président du think tank European Policy Centre, président de la section Europe de la Commission Trilatérale, membre du comité de direction du Groupe de Bilderberg, ex commissaire européen chargé de la concurrence, ex président de Allied Irish Banks.
- Martin J. Taylor, président de la multinationale de biotechnologies Syngenta International
- Fernando Teixeira dos Santos, ministre des finances du Portugal
- Peter A. Thiel, président de Clarium Capital Management
- Loukas Tsoukalis, président de ELIAMEP
- Gertrude Tumpel-Gugerell, membre du directoire exécutif de European Central Bank
- Christine A. Varney, assistante de l'Attorney General américain pour la lutte anti-trusts
- Daniel L. Vasella, président de la multinationale pharmaceutique Novartis
- Paul A. Volcker, président de l'Economic Recovery Advisory Board, ex ministre des finances de Ronald Reagan
- Peter Voser, président de Royal Dutch Shell
- Björn Wahlroos, président de Sampo
- Francis A. Waldvogel, président de Novartis Venture Fund
- Jacob Wallenberg, président de Investor AB
- Nout Wellink, président de De Nederlandsche Bank
- Bing F.J. West, écrivain
- Shirley Williams, membre de la Chambre des Lords
- James D. Wolfensohn, président Wolfensohn & Company, ex président de la Banque Mondiale
- José Luis Rodríguez Zapatero, premier ministre d'Espagne
- Dieter Zetsche, président de Daimler
- Robert B. Zoellick, président de la Banque Mondiale

Rapporteurs:
- Vendeline von Bredow, journaliste de The Economist
- Adrian D. Wooldridge, journaliste de The Economist


A l'issue de la réunion, le Groupe de Bilderberg a publié un communiqué de presse officiel, le même exactement que celui de 2009.


Bilderberg 2010 en images...





Policiers et manifestants au Bilderberg Meeting 2010




Voici un aperçu de l'ambiance en vidéo, avec les policiers face aux manifestants qui crient "bandits !" en espagnol au passage des limousines...
Ca reste assez calme, rien à voir avec les manifestations lors des réunions du G8, mais c'est quand même une grande première, le Groupe de Bilderberg a été débusqué et ne peut plus opérer dans l'ombre...
voir la vidéo

Autre vidéo...
voir la vidéo


NB: Une liste des invités a commencé à se dupliquer sur le web mais il s'agit de la liste du Bilderberg 2009 en Grèce. Cette liste est immédiatement reconnaissable par le grand nombre de banquiers grecs parmi les invités. Mais des dizaines de sites ont dupliqué la fausse liste sans rien remarquer et sans rien vérifier, comme d'habitude.
27.05.2010


La marée noire causée par BP en Louisiane est une parfaite illustration des conséquences désastreuses du libéralisme et du comportement psychopathe des multinationales, résultat de leur foncière malhonnêteté et de leur cupidité sans limite. Avec tout d'abord leur propension à mentir. BP avait annoncé une pollution de 400.000 litres de pétrole par jour, ce qui est déjà énorme. En réalité, la quantité était 10 fois supérieure, comme l'ont indiqué les experts mandatés par le gouvernement américain.

Par ailleurs, la marrée noire aurait pu être évitée si le tube de forage ne s'était pas brisé. Or on a appris ces derniers jours que pour économiser des coûts, BP a utilisé des tubes qui n'avaient pas la qualité requise.

Enfin, si BP a pu utiliser des tubes aux rabais, c'est parce la plate-forme de forage avait été dispensée de tout contrôle par l'agence fédérale chargée de l'inspecter, suite à des dérogations accordées par l'administration Bush aux nouvelles installations dans le golfe du Mexique. L'idéologie libérale commande en effet d'imposer le moins possible de contraintes à nos chères entreprises.



En voulant économiser quelques centaines de milliers de dollars, BP a causé des destructions qui se chiffrent en dizaines de milliards de dollars, avec l'empoisonnement pour des décennies du riche et fragile écosystème de la Louisiane, avec une pollution en profondeur du golfe du Mexique, et l'extermination de multiples espèces vivantes. Barack Obama a affirmé que BP devra payer pour l'intégralité des dommages commis. Vu l'étendue de la catastrophe, la cupidité de BP pourrait bien l'amener à la faillite.
04.05.2010


Les salaires stagnent depuis maintenant 30 ans à cause de l'augmentation de la concurrence sur un marché du travail mondialisé, les barrières douanières ayant été supprimées au nom du "libéralisme", permettant la circulation des capitaux et des marchandises. Mais durant ces 10 dernières années, les prix ont été multipliés par 2 pour ce qui pèse le plus lourd dans le budget des ménages, à savoir le logement, l'alimentation et l'énergie. Les classes moyennes ont été massivement appauvries par l'inflation, la précarité et la stagnation des salaires. Des millions de salariés sont désormais pauvres tout en travaillant, avec des revenus insuffisants pour payer les prix devenus exorbitants des loyers, de l'alimentation ou du chauffage, obligés de recourir à l'aide des Restos du coeur ou du Secours catholique, réduits à vivre dans des taudis ou des mobil home de campings quand ils ne sont pas tout simplement à la rue...

Dans le même temps, les salaires des élites économiques ont quant à eux suivi l'inflation réelle, avec une augmentation de 20% par an ou plus, sur des bases déjà très élevées. Pendant que le plus grand nombre s'appauvrit, les prédateurs s'enrichissent, phénomène des vases communicants.

Voici "Pauvre malgré le job", un documentaire d'Arte sur ceux qu'on appelle maintenant "les travailleurs pauvres"...
voir le film

Sur le même sujet, "Je travaille mais je suis pauvre", un reportage diffusé par Canal+
voir le film
03.05.2010

Nicolas Sarkozy a déclaré à plusieurs reprises que "le travail libère l'homme" ou que "le travail est une valeur de libération". Par ces propos, il prouve une fois de plus son inculture et son ignorance de l'Histoire. Le mot "travail" vient du latin "tripalium" qui désignait un instrument de torture. Et "le travail libère l'homme" (en allemand "Arbeit macht Frei") était le slogan que les nazis avaient cyniquement placé à l'entrée de leurs camps de concentration. Sarkozy semble ignorer également ce qu'est réellement le travail pour l'écrasante majorité des gens, ces cohortes de salariés exploités dont le travail les use chaque jour un peu plus, physiquement ou psychologiquement, ceux dont le travail ne consiste pas à faire du tourisme et à se prélasser dans les palaces dorés de la république, à distribuer des ordres à ses serviteurs ou à pérorer à la télé.

Nicolas Sarkozy semble tout ignorer de ce qu'est devenu le travail aujourd'hui dans la plupart des entreprises. Leur avidité sans limite les pousse à tirer toujours plus de "jus" de leurs salariés. Les citrons sont désormais pressés jusqu'à l'écorce, jusqu'à ce qu'il ne reste plus une parcelle de substance à exploiter.


Le principe du taylorisme est de réduire l'homme à une machine. D'abord appliqué dans les usines, le taylorisme s'est étendu aux emplois du tertiaire. Dans les bureaux, le travail est parcellisé, réduit à des procédures pré-établies que les salariés ne font qu'appliquer mécaniquement comme le feraient des ordinateurs, préparant le terrain pour que ceux-ci finissent par remplacer presque totalement les salariés.

Par ailleurs, les nouvelles méthodes de management venues des Etats-Unis dans les années 1980 et désormais appliquées dans la plupart des grandes entreprises organisent l'exploitation à outrance du salarié. Celui-ci est placé sous une pression permanente, en le soumettant à des "objectifs" impossibles à atteindre, en mesurant en temps réel ses "performances". Le salarié vit ainsi dans une peur permanente de faire partie du prochain "plan social". La qualité du travail n'est pas reconnue et elle n'est souvent récompensée que par un coup de pied au derrière lorsque l'entreprise choisit de délocaliser, à la recherche d'esclaves toujours moins coûteux.


On encourage également l'agressivité, le langage des entreprises étant similaire à celui des militaires. Le salarié doit être un soldat, engagé dans une guerre contre la "concurrence" mais aussi contre ses collègues et contre lui-même.

De plus, avec la vogue du travail en "open space", tout le monde peut surveiller tout le monde, sans intimité ni moments de répits, d'autant plus que l'on crée une urgence permanente, même là où elle n'est pas nécessaire, ce qui empêche toute réflexion et tout travail de fond mais qui contribue maintenir les citrons sous pression.


Le travail est désormais complètement déshumanisé, et l'individu réduit à sa seule dimension économique.

Il en résulte la destruction psychologique des salariés et le suicide des plus fragiles.

Mais dans le monde de l'entreprise, il n'y a pas de place pour les sentiments humains, pour la compassion ou pour l'empathie, ce qui induit une insensibilisation à la souffrance de l'autre, transformant les salariés en "agents" de Milgram.

Quant à ceux que leur entreprise a rendu dépressifs ou malades, les médecins prescrivent des antidépresseurs, des somnifères et autres médicaments chimiques qui finiront de les transformer en zombies.


Voici une série de documentaires sur les conditions de travail dans les entreprises aujourd'hui, en commençant par "J'ai très mal au travail", avec les interviews notamment du politicologue Paul Ariès et du psychologue Christophe Dejours, auteur de "Souffrance en France"...
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On retrouve Christophe Dejours dans "Le travail peut il tuer ?", une enquête d'Envoyé Spécial sur les suicides de plus en plus nombreux causés par les conditions de travail...
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27.04.2010


"Let's make money" est un documentaire d'Erwin Wagenhofer sur les prédateurs économiques qui bénéficient de la mondialisation, de l'appauvrissement des peuples et de la destruction de l'environnement. On y retrouve notamment une interview de l'ex "assassin économique" John Perkins. Il y est aussi évoqué la Société du Mont Pélerin, le "club de réflexion" (ou "think tank") à l'origine de l'idéologie ultra-libérale qui domine le monde aujourd'hui.

Le film dresse le portrait d'un monde où 20 ans de dérégulations ont sapé la cohésion et l'avenir de nos sociétés, au nord comme au sud...

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26.04.2010


John Perkins a été ce qu'on appelle aux Etats-Unis un "assassin économique" (economic hit man). Ces hommes travaillent pour la CIA et la constellation de ses sociétés écrans. Ils sont la première ligne de la machine de domination américaine au service des multinationales. Leur travail consiste à influencer et à corrompre les dirigeants de pays dont les ressources intéressent les Etats-Unis, et surtout à les convaincre de s'endetter pour développer les infrastructures de leur pays en faisant appel à des entreprises américaines, ce qui permet de récupérer intégralement l'argent prêté avant même qu'il ne soit remboursé.

Une fois que le pays est lourdement endetté arrive inévitablement le moment où il ne peut plus rembourser. Il doit alors solliciter de nouveaux emprunts pour rembourser les précédents, et se soumettre en contrepartie à des conditions qui sont toujours les mêmes:
- autoriser l'armée américaine à installer une base
- laisser les multinationales exploiter les richesses du pays à moindre frais
- ouvrir son marché aux produits américains, y compris dans l'agriculture
- réduire les dépenses publiques notamment pour les dépenses sociales, les services de santé et l'éducation
- privatiser les services publics comme l'eau, l'énergie, les transports...
Il en résulte à chaque fois un appauvrissement et une dégradation des conditions de vie pour les populations, et bien souvent une destruction de l'environnement.

Lorsque des dirigeants soucieux des intérêts de leur peuple refusent de mettre le doigt dans cet engrenage, les "chacals" entrent en jeu. Ce sont les agents qui financent les mouvements d'opposition, développent une agitation politique, organisent les coups d'état, et au besoin les assassinats. Ils sont intervenus en Iran dans les années 1950 pour évincer le président démocratiquement élu Mossadegh (qui avait nationalisé l'industrie pétrolière) et le remplacer par la dictature du Chah. Ou encore au Chili contre Salvadore Alliende. Ou plus récemment avec le coup d'état manqué contre Hugo Chavez en 2002.

Dans le cas où les assassins économiques et les chacals échouent successivement, l'armée US intervient. C'est ce qui s'est passé en Irak et en Afghanistan.

Voici un documentaire sur les assassins économiques, basé sur une interview de John Perkins.

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A lire, le livre de John Perkins, "Les confessions d'un assassin financier - Révélations sur la manipulation des économies du monde par les Etats-Unis"
06.04.2010


Les entreprises ont désormais pris le pouvoir dans le monde. Grâce à de multiples "think tanks" ou lobbies, ce sont elles qui décident les grandes lignes de la politique appliquée dans les principaux pays développés, la marge de choix laissée aux représentants élus (et donc aux citoyens) se limitant aux aménagements de détail.

Cette politique imposée aux états consiste à favoriser au maximum les profits en interférant le moins possible dans l'économie, en réduisant au maximum les impôts et les charges pour les entreprises, en privatisant tous les services publics qui peuvent être une source de profits pour le secteur privé, en transférant le maximum de richesse de l'état et des citoyens vers les entreprises, et en faisant baisser le "coût du travail" (notamment en supprimant les barrières douanières qui faisaient obstacle à la circulation des marchandises et des capitaux entre les pays, rendant possible la mondialisation et les délocalisations massives qui permettent d'augmenter la "concurrence" entre les salariés).

Les multinationales sont désormais en position de décider de presque chaque aspect de notre vie, contrôlant les secteurs-clé de l'énergie, l'alimentation, les transports, le logement, la santé, les retraites, l'information, la culture, et bientôt l'éducation, la police, les prisons...

Il est donc urgent de se demander à quelle sorte d'organisation nous avons confié un tel pouvoir... Qu'est-ce qu'une entreprise ? Quelles sont ses tendances lourdes ? Selon quels principes se comporte-t-elle ? Et comment qualifierait-on ce comportement si il s'agissait d'une personne ?

Une multinationale n'a aucune conscience morale, aucun scrupule. Elle n'éprouve aucune émotion, elle est incapable d'empathie ou de compassion, insensible au malheur d'autrui. Elle est purement égoiste, ne cherchant qu'à maximiser son profit immédiat, n'hésitant pas pour cela à détruire le bien commun. Elle n'a aucun sens civique, aucun sens de la solidarité. Elle n'est liée à aucune terre, aucune patrie, aucun peuple.

C'est ce que démontre "The Corporation", un documentaire essentiel, primé dans cinq festivals... On y découvre comment sont apparues les entreprises, comment elles ont acquis le statut juridique de "personne morale" (et les droits qui en découlent), comment les multinationales sont devenues des machines à "externaliser les coûts", c'est à dire à faire payer par la collectivité le coût réel de leur activité, et pourquoi le comportement des entreprises correspond à la totalité des critères établis par les psychiatres pour définir un "psychopathe".

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