04.03.2015
Il y avait une soirée d'info à ne pas rater hier soir sur France 2, avec 2 émissions consacrées aux "fonds d'investissement" et leurs "LBO" (Leverage Buy Out) ou achats à "effet de levier", c'est à dire avec une mise minimale et le reste avec un crédit auprès de plusieurs banques.

De plus en plus d'entreprises sont rachetées par des "fonds d'investissement" avec un emprunt qu'ils font ensuite rembourser par l'entreprise achetée qui doit donc dégager le maximum de cash. Premières victimes, les salariés sont "dégraissés". Mais cela n'est pas suffisant pour satisfaire l'avidité de ces fonds. Les investissements sont également réduits au minimum, l'entreprise est dépecée, ses activités moins rentables sont arrêtées ou vendues, et de plus, elle doit s'endetter pour verser le maximum de dividendes à son nouveau propriétaire. Au bout de 4 ou 5 ans, le fond revend l'entreprise avec une plus-value, en général 4 ou 5 fois le prix d'achat.

Nous sommes entrés dans l'ère du capitalisme financiarisé, qu'on peut appeler "hyper capitalisme". C'est le résultat logique du néo-libéralisme dont les dérégulations ont rendu tout cela possible.

Ce nouveau capitalisme pille les richesses, sape l'économie, détruit nos sociétés ainsi que la vie des salariés dont une partie est mise à la rue tandis que ceux restants subissent une telle pression qu'ils s'effondrent psychologiquement, aboutissant à la maladie ou au suicide. Mais il permet aux détenteurs du capital de s'enrichir comme jamais, et c'est la seule chose qui compte désormais.

Du fer à la finance, l'empire Wendel - Infrarouge:

vidéo supprimée sur YouTube


Quand les actionnaires s'en prennent à vos emplois - Cash investigation:
voir la vidéo


Autre exemple avec Picard, l'entreprise de surgelés rachetée il y a 5 ans par un fond d'investissement et dont la dette a doublé pour payer les dividendes:
Lion Capital saigne les surgelés Picard


Un autre scandale brièvement évoqué dans les deux enquêtes, est celui des multinationales dont les bénéfices ne suffisent plus à satisfaire l'avidité des actionnaires et qui s'endettent pour gonfler les dividendes, et aussi pour racheter leurs propres actions et ainsi en faire monter le cours, afin de satisfaire là encore les actionnaires.

Nos responsables politiques nous disent qu'il faut "diminuer le coût du travail" et qu'ainsi les entreprises pourront à nouveau "investir", la "croissance" étant censée venir de ces investissements. Mais en fait cela servira uniquement à leur permettre d'augmenter encore les dividendes, et accessoirement le salaire des dirigeants, dont l'avidité est également insatiable.

Donc en résumé, nous avons...

- Des banques centrales qui créent de la monnaie à tout va, dépréciant sa valeur intrinsèque, pour rachèter leurs propres bons du Trésor et pour injecter des centaines de milliards dans les circuits financiers, alimentant les "bulles" spéculatives.

- Des banques absolument déconnectées de l'économie réelle, qui multiplient les opérations dangereuses et les produits financiers "toxiques", qui créent elles aussi de la monnaie à tout va par le crédit (dont la majeure partie n'alimente pas l'économie réelle mais les opérations financières).

- Des entreprises qui délocalisent, qui n'investissent plus, qui échappent à l'impôt, qui font de plus en plus de profits, qui malgré tout s'endettent de plus en plus, et qui rachètent leurs propres actions pour en gonfler le cours artificiellement.

- Des états surendettés, qui ont perdu tout pouvoir sur l'économie et la sphère financière.

- Des citoyens de base appauvris, soumis à la précarité et au chômage, dont les revenus stagnent ou diminuent alors que les prix des produits de base (alimentation, énergie, logement) sont tirés vers le haut par la spéculation financière, et qui cessent de consommer ou bien s'endettent.

Tout cela crée une situation économique globale très malsaine...

Mais en même temps, tout cela converge vers les mêmes bénéficiaires: les 0,1% les plus riches et les banques.