27.03.2007
Invité de l'émission de Christine Okrent sur France 3 le 18 mars, Nicolas Sarkozy entre dans le hall d'accueil au pas de charge, hyper speedé, l'air renfrogné, entouré d'un tas de gorilles qui le dépassent de deux têtes, de sa cour de conseillers toute en courbettes et de sa maquilleuse attitrée. Il est accueilli par des journalistes qui l'accompagnent jusqu'à la loge de maquillage, dont les fauteuils sont déjà tous occupés par les autres invités de l'émission (Laurence Parisot, présidente du Medef, Martin Hirsch, président d'Emmaüs France et Julie Coudry, présidente de la Confédération étudiante) en pleine séance de poudrage antisueur. On lui demande donc de patienter.

Patienter, lui ? Pas question. Il pique aussitôt une de ses colères coutumières et hurle : "Je ne veux pas attendre plus longtemps, je veux me faire maquiller tout de suite". Essayant de le calmer, les journalistes lui expliquent qu'il doit attendre son tour vu qu'il n'y a pas d'autre loge de maquillage. Nouveaux hurlements d'un Sarkozy déchaîné: "Mais enfin, il n'y a personne pour m'accueillir. La direction n'est pas là? Ce n'est pas normal. Qu'est-ce qu'ils font? Qui suis-je pour être traité ainsi?". Il fait un signe de la main autoritaire en direction de ses gorilles et de Franck Louvrier, son conseiller en communication en nage et tétanisé. "Franck, on s'en va", lui dit-il d'un ton sec et énervé. Il se dirige vers la sortie. Tétanisés eux aussi, les journalistes téléphonent à Christine Ockrent qui prépare son émission sur le plateau et la supplient de venir. Elle refuse et leur répond que Sarkozy "fait sa diva".

Furieux, escorté de ses gorilles et conseillers, Sarkozy est déjà dans les couloirs, se dirige vers la sortie et devient menaçant: "Personne n'est là pour m'accueillir. Toute cette direction il faut la virer. Je ne peux pas le faire maintenant. Mais ils ne perdent rien pour attendre. Ã?a ne va pas tarder". Du coup, Ockrent accourt pour essayer de calmer l'homme qui a "changé" et l'accompagne, toujours fulminant, dans une loge de maquillage de France 2 où sa maquilleuse personnelle le talque tandis qu'il s'empiffre de petits fours initialement destinés à Marie-George Buffet, invitée d'une autre émission ce soir-là. Apparemment ça le calme puisqu'à 23h15, quand commence France Europe Express, il est cool, zen, poudré et souriant.

Ce genre d'anecdotes révélatrices du personnage, il y en a chaque semaine dans le Canard enchaîné. Avant et après ses prestations médiatiques, Sarkozy pète quasi systématiquement les plombs et entre dans des fureurs noires pour un oui ou pour un non. On sait qu'il a déjà usé et abusé de son pouvoir de ministre de l'Intérieur pour faire interdire un livre sur sa femme Cécilia, pour faire vider le directeur de la rédaction de Paris Match à cause d'une couverture qui lui avait déplu. A présent, à cause d'une banale affaire d'attente dans une loge de maquillage, il menace de virer l'équipe de direction d'une chaîne de télévision publique pour la remplacer par des hommes à sa botte dès qu'il sera élu. Si Nicolas Sarkozy devient président de la République, il est clair que la liberté d'information sera en danger.

(source: agoravox.fr)