03.05.2010

Nicolas Sarkozy a déclaré à plusieurs reprises que "le travail libère l'homme" ou que "le travail est une valeur de libération". Par ces propos, il prouve une fois de plus son inculture et son ignorance de l'Histoire. Le mot "travail" vient du latin "tripalium" qui désignait un instrument de torture. Et "le travail libère l'homme" (en allemand "Arbeit macht Frei") était le slogan que les nazis avaient cyniquement placé à l'entrée de leurs camps de concentration. Sarkozy semble ignorer également ce qu'est réellement le travail pour l'écrasante majorité des gens, ces cohortes de salariés exploités dont le travail les use chaque jour un peu plus, physiquement ou psychologiquement, ceux dont le travail ne consiste pas à faire du tourisme et à se prélasser dans les palaces dorés de la république, à distribuer des ordres à ses serviteurs ou à pérorer à la télé.

Nicolas Sarkozy semble tout ignorer de ce qu'est devenu le travail aujourd'hui dans la plupart des entreprises. Leur avidité sans limite les pousse à tirer toujours plus de "jus" de leurs salariés. Les citrons sont désormais pressés jusqu'à l'écorce, jusqu'à ce qu'il ne reste plus une parcelle de substance à exploiter.


Le principe du taylorisme est de réduire l'homme à une machine. D'abord appliqué dans les usines, le taylorisme s'est étendu aux emplois du tertiaire. Dans les bureaux, le travail est parcellisé, réduit à des procédures pré-établies que les salariés ne font qu'appliquer mécaniquement comme le feraient des ordinateurs, préparant le terrain pour que ceux-ci finissent par remplacer presque totalement les salariés.

Par ailleurs, les nouvelles méthodes de management venues des Etats-Unis dans les années 1980 et désormais appliquées dans la plupart des grandes entreprises organisent l'exploitation à outrance du salarié. Celui-ci est placé sous une pression permanente, en le soumettant à des "objectifs" impossibles à atteindre, en mesurant en temps réel ses "performances". Le salarié vit ainsi dans une peur permanente de faire partie du prochain "plan social". La qualité du travail n'est pas reconnue et elle n'est souvent récompensée que par un coup de pied au derrière lorsque l'entreprise choisit de délocaliser, à la recherche d'esclaves toujours moins coûteux.


On encourage également l'agressivité, le langage des entreprises étant similaire à celui des militaires. Le salarié doit être un soldat, engagé dans une guerre contre la "concurrence" mais aussi contre ses collègues et contre lui-même.

De plus, avec la vogue du travail en "open space", tout le monde peut surveiller tout le monde, sans intimité ni moments de répits, d'autant plus que l'on crée une urgence permanente, même là où elle n'est pas nécessaire, ce qui empêche toute réflexion et tout travail de fond mais qui contribue maintenir les citrons sous pression.


Le travail est désormais complètement déshumanisé, et l'individu réduit à sa seule dimension économique.

Il en résulte la destruction psychologique des salariés et le suicide des plus fragiles.

Mais dans le monde de l'entreprise, il n'y a pas de place pour les sentiments humains, pour la compassion ou pour l'empathie, ce qui induit une insensibilisation à la souffrance de l'autre, transformant les salariés en "agents" de Milgram.

Quant à ceux que leur entreprise a rendu dépressifs ou malades, les médecins prescrivent des antidépresseurs, des somnifères et autres médicaments chimiques qui finiront de les transformer en zombies.


Voici une série de documentaires sur les conditions de travail dans les entreprises aujourd'hui, en commençant par "J'ai très mal au travail", avec les interviews notamment du politicologue Paul Ariès et du psychologue Christophe Dejours, auteur de "Souffrance en France"...
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On retrouve Christophe Dejours dans "Le travail peut il tuer ?", une enquête d'Envoyé Spécial sur les suicides de plus en plus nombreux causés par les conditions de travail...
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