08.05.2012


Après l'élection de François Hollande et la défaite de Sarkozy, les réactions sur le web sont partagées. Tandis que certains se réjouissent, d'autres haussent les épaules en disant que cela ne change rien, les présidents n'étant que des pantins dans le "nouvel ordre mondial".

Le problème du "conspirationnisme", de cette vision inspirée par la conscience du vrai pouvoir mondial, est que cela nous amène à n'être jamais content de rien, puisque sauf révolution majeure improbable, ce pouvoir mondial reste en place.

C'est le danger de la "pillule rouge": une vision perpétuellement noire, pessimiste, qui interdit d'être heureux, du moins en ce qui concerne les événements du monde et la société dans laquelle on vit.

Il en résulte souvent une dérive involontaire vers la rancoeur, l'amertume, et au final vers la haine et vers des valeurs qui sont l'exact opposé de l'idéal qui nous animait au départ.

C'est en effet l'aspiration à davantage de liberté, de démocratie, de fraternité et d'humanité qui nous motive initialement dans notre révolte contre l'ordre mondial, et non un penchant pour le racisme, l'autoritarisme ou le fascisme.

C'est ce que les sages indiens et taoistes ont compris depuis des millénaires, aller trop à fond dans une direction peut nous amener à son contraire.


Pour en revenir à cette élection, il ne faut pas se faire d'illusions naïves en imaginant qu'un nouveau président peut tout changer. La marge d'action d'un président est réduite dès lors qu'il n'a quasiment plus aucun pouvoir économique, aucune prise sur les circuits financiers, et dans l'Union Européenne il ne contrôle même plus sa monnaie.

Mais un président garde un pouvoir sur l'ordre social local (de même qu'un maire détient une marge d'action locale dans sa commune). Un président a donc le pouvoir de rendre les choses un peu meilleures localement, ou bien de les rendre encore bien pires, comme l'a fait Sarkozy qui n'a cessé d'attiser les haines, d'instrumentaliser les peurs, de réduire les libertés, d'intensifier la répression, de creuser les inégalités et de détruire ce qu'il restait de droits sociaux.

Par ailleurs, un président garde le pouvoir de la parole, c'est à dire d'affirmer certaines valeurs, porteuses de paix et de civilisation ou bien ou de violence et d'intolérance, ce qui a une influence très importante sur les mentalités et donc sur "l'ambiance" d'une société.

Voila pourquoi nous pouvons nous réjouir de la fin de ces 10 années de sarkozysme et de l'arrivée à l'Elysée d'un nouveau président.