12.07.2009
Le 8 juillet dans la soirée, une trentaine de personnes ont organisé un rassemblement "festif" devant une ancienne clinique à Montreuil transformée en espace politico-culturel alternatif avec salle de projection, centre d'information et espace de débat. Le but était de protester contre l'expulsion le matin même d'une quinzaine de squatteurs qui vivaient dans la clinique.

Plusieurs dizaines de personnes sont là pour apporter leur soutien. Joachim Gatti, réalisateur de 34 ans, petit-fils d'Armand Gatti, en fait partie.

Au bout de quelques heures, la police débarque et charge les manifestants à coups de flash balls. 5 personnes sont blessées, Joachim est touché à l'oeil et conduit à l'hôpital. Dans une lettre ouverte, son père fait état de "trois fractures au visage, le globe oculaire fendu en deux, la paupière arrachée".

Pour le père de la victime, "les policiers ont tiré sans sommation. Ce n'est pas une bavure mais une brutalité policière. Ils [les manifestants] avaient organisé une fête de gnocchi avec de la sauce tomate devant la clinique. Il y a eu des feux d'artifice tirés. Ils ont cru qu'il n'y avait que trois vigiles. Une quinzaine de policiers sont sortis de leurs voitures et ont tiré sans sommation. Ils étaient à cinq mètres et ils ont tiré plusieurs fois avec leurs flash-balls. C'est une "chasse au lapin", a-t-il ajouté.

Selon la préfecture, les policiers auraient chargé en riposte à des tirs de projectiles (pots de peinture, pétards et de fumigènes). Une enquête a néanmoins été ouverte par l'IGS (police des polices). Selon plusieurs témoins, les policiers ont délibérément visé "au-dessus de la ceinture".

Dominique Voynet, maire de Montreuil, a dénoncé de la part de la police "une démonstration de force totalement inutile qui a généré à son tour le désordre". Elle a ajouté que les policiers "ne se sont pas contentés de séparer les manifestants" mais ont "plaqué violemment un bon nombre d'entre eux contre les murs, les ont frappés à coup de matraque et arrosés de gaz lacrymogène, devant des habitants de la ville totalement stupéfaits et effarés". L'ordre de dissoudre la manifestation, qui "apparemment venait d'en haut", est "arrivé à un moment où les manifestants étaient totalement pacifiques et tranquilles".

Du coté du ministère de l'intérieur, aucune réaction, aucune reconnaissance des violences policières, aucune sanction contre le policier qui a commis l'agression, aucune excuse envers la victime et sa famille, et aucune remise en cause de l'usage du flashball par la police (ce qui aurait été un minimum).

Cette agression policière au flash ball démontre une nouvelle fois la "dangerosité" de cet arme. Elle est utilisée pour des motifs mineurs qui ne justifieraient jamais un tir à balle réelle. Pourtant, le flashball peut infliger des blessures aussi graves que des tirs à balle réelle.

Joachim Gatti n'est pas le premier à être mutilé à vie suite à un tir de flash ball par la police de Sarkozy. Il y eut également:
- Un lycéen de 17 ans a perdu un oeil suite à un tir de flash ball alors qu'il manifestait devant le rectorat de Nantes en novembre 2007.
- Deux jeunes ont perdu un oeil à Villiers-le-bel en mai 2009.
- Samir à Neuilly-sur-Marne en mai a perdu l'audition après avoir été touché à l'oreille par un tir de flash ball.
- Johann a perdu un oeil suite à un tir de flash ball alors qui participait à une manifestation étudiante place du Capitole à Toulouse en mars 2009.